Constantin Augier
Gérant de portefeuille & Analyste
Nouveau fonds de la gamme Rothschild & Co, R-co 4Change Impact Finance propose d’investir dans les marchés émergents au travers de la microfinance, un vecteur visant à générer un impact social positif auprès de populations exclues des systèmes financiers “traditionnels”.
En quoi consiste le fonds R-co 4Change Impact Finance ?
C. A.: R-co 4Change Impact Finance est un véhicule d’investissement en microfinance. Ce type de produit d’investissement s’apparente à un fonds de dette privée et opère donc en dehors des marchés boursiers. Il peut donc être considérée comme une solution de diversification intéressante au sein d’une allocation globale grâce à sa décorrélation avec les principales classes d’actifs et son objectif de faible volatilité. Le portefeuille est investi dans une sélection d’Institution de microfinance (IMF) de taille moyenne, identifiées par notre partenaire Symbiotics, au travers de prêts d’une maturité de 12 à 36 mois. Ces montants prêtés aux institutions vont leur permettre d’assurer les services financiers qu’elles proposent.
Qu’est-ce qui différencie ce fonds d’un fonds obligataire « traditionnel » ?
C. A.: La principale différence va porter sur le profil rendement-risque du portefeuille. Ce type de fonds se veut très peu volatil et non corrélé aux taux directeurs et aux classes d’actifs « traditionnelles ». Hors évènement de crédit, cette solution d’investissement permet d’assurer donc une stabilité des rendements. Le deuxième point important concerne la liquidité. Un fonds obligataire « traditionnel » dispose d’une liquidité quotidienne car son marché le permet, dans notre cas, la liquidité va être trimestrielle dans la mesure où, pour sortir un prêt du portefeuille, nous devons attendre d’avoir atteint sa maturité.
Cette classe d’actifs singulière comporte-t-elle des risques spécifiques ?
C. A.: Investir dans des pays émergents via la microfinance comporte nécessairement certains risques, en particulier des risques pays, tant aux niveaux économique, que politique ou macroéconomique. Néanmoins, Symbiotics se charge d’effectuer une analyse macroéconomique en amont de tout investissement. Les pays étudiés doivent offrir des garanties et une certaine stabilité sur ces trois aspects. Concernant la problématique des devises, nous avons fait le choix de couvrir intégralement le risque de change au sein du portefeuille. Enfin, il est important de noter que le risque de défaut des IMF se révèle assez faible en raison, notamment, de la taille et de la maturité des prêts octroyés. Néanmoins, pour limiter ce risque, nous nous positionnons sur des maturités assez courtes, n’excédant pas trois ans, afin de ne pas s’exposer outre mesure au manque de visibilité auquel certaines institutions peuvent être sujettes. Nous organisons un comité de valorisation tous les mois et si un événement de crédit survient, Symbiotics va entrer en contact avec l’institution concernée pour en connaître le motif. À la suite de cette investigation, ils vont réfléchir aux solutions à mettre en place. Cette société dispose d’une longue expertise dans la gestion de ces cas au travers d’un processus particulièrement rodé affichant un taux de recouvrement élevé.
Comment Symbiotics identifie les IMF au sein desquelles elle investit ?
C. A.: Symbiotics dispose de trois grands bureaux d’analyse régionaux, en Amérique latine, en Afrique et en Asie, l’Europe centrale et le Moyen Orient étant couvert depuis Genève. Chacun d’eux regroupe une dizaine d’analystes en charge d’une quinzaine d’IMF réparties sur deux ou trois pays. Ces analystes se rendent régulièrement dans les zones dont ils sont responsables pour rencontrer les IMF au sein desquelles ils investissent, ou afin d’en identifier de nouvelles. Chaque IMF identifiée fait l’objet d’une étude d’impact social reposant sur 98 critères objectifs, transparents et en grande majorité quantifiables, articulés autour de grands thèmes comme la gouvernance sociale, le climat de travail, l’inclusion financière, la protection des clients… L’évaluation qui en résulte se présente sous la forme d’une balance comprenant à la fois l’impact positif et négatif de l’institution étudiées.
De quels indicateurs disposez-vous pour connaître l’impact social de vos investissements ?
C. A.: Nous disposons d’un reporting mensuel au travers duquel nous allons connaître le nombre de clients finaux ayant bénéficié de nos investissements et la répartition entre hommes et femmes, mais également le montant moyen des financements, s’ils ont bénéficié à des populations rurales ou urbaines ou encore la nature des activités concernées. Toutefois, parmi les indicateurs permettant de mesurer l’effet positif d’une IMF, le nombre d’emprunteurs réguliers apparaît comme particulièrement révélateur. Symbiotics édite également un rapport annuel détaillé intégrant des retours d’expérience des IMF et des microemprunteurs ayant bénéficié des financements du portefeuille.
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