
Anthony Bailly
Responsable de la Gestion Actions Européennes
Une inflation américaine toujours résiliente et son corollaire, une Fed au ton résolument plus hawkish1, ont semble-t-il privé les marchés actions de leur traditionnel « Christmas rally2». Le MSCI world reculait ainsi de -0.7 % sur le mois, et le S&P de -0.3 %, ce qui n’empêchait pas ces deux indices d’afficher d’excellentes performances pour l’année 2024 (respectivement +26.7 % et +33.6 %). En Europe, malgré des PMI15 toujours dégradés et une instabilité politique renforcée par les votes de défiances envers les gouvernements français et allemand, l’Eurostoxx bénéficiait des espoirs de relance en Chine et du ton plus accommodant de la BCE. L’indice européen surperformait donc l’indice mondial sur le mois avec une progression de +1.3 % (progressant sur l’année 2024 de +9.3 %)3. Les espoirs de relance chinoise profitaient aux biens de consommation sur le mois (+6.6 %)3 et ravivaient le secteur automobile (+4.0 % sur le mois et -12.1 % sur l’année)3. La hausse des taux souverains européens, dans le sillage des taux américains, profitait aux banques (+4.9 %)3 et pénalisait les secteurs à fort levier (Telecom -3.9 %, immobilier -5.8 %)3.
Ce contexte de marché profitait au style Croissance5 qui progressait de +2.4 %3 alors que le style Value6 ne gagnait lui que +1.1 %3. Au final sur l’année 2024 en Zone euro, le style Croissance surperformait le marché avec un gain de +11.0 % (Vs +8.4% pour la Value)3. Avec un PE de 21.3x pour la Croissance contre un PE7 de 9.9x pour la Value, la prime de valorisation du style Croissance par rapport au style Value a légèrement décru sur le mois (de 119% à 115%)8. Cette prime reste proche de ses points hauts historiques, et nous continuons de penser qu'elle est amenée à se normaliser, tant un de-rating des secteurs de croissance (à l'image de ce qu'a connu le luxe en 2024), que par un re-rating de certains secteurs Value (à l'image des financières de ce que nous avons commencé à observer sur les financières).
Le fonds R-co Conviction Equity Value Euro enregistrait sur le mois un gain de +0.9 % (+2.4% sur l’année 2024)9. L'effet d'allocation était défavorable en raison de la surperformance de secteurs de croissance (le luxe et dans une moindre mesure la technologie), et de la sous-performance de l'immobilier. Cet effet était partiellement compensé par notre sélection de titres et la belle progression de certaines de nos convictions, à savoir TechnipEnergies (+10.5%), Société Générale (+8.2%) et KBC Group (+9.2%)10.
Au cours du mois, nous avons continué d’accroître notre position dans TechnipEnergies qui devient ainsi une des plus fortes convictions du portefeuille. Cet acteur d’ingénierie, de conception et de construction d’infrastructures devrait bénéficier des tendances séculaires de la nécessaire transformation du système énergétique mondial. A court terme, il pourrait profiter de la levée du moratoire sur le LNG américain par la nouvelle administration Trump. Nous avons par ailleurs effectué un arbitrage dans le secteur des Utilities en cédant notre position dans Engie. Le fournisseur d'énergie français est resté jusqu’à présent plutôt immune des perturbations politiques dans l'hexagone malgré sa forte exposition domestique (~45% du chiffre d’Affaires)11. Cette cession s’est faite au profit du renforcement de nos positions dans RWE et EDP qui ont souffert des élections américaines par crainte d’une remise en cause de l’IRA sur les renouvelables. Nous sommes relativement confiants sur le sujet en raison des perspectives de demande croissante d’électricité aux États-Unis. Enfin, ces deux valeurs sont exposées aux prix de l’électricité et donc du gaz en Europe ; nous gardons sur ce sujet la vision constructive que nous avons adoptée il y a plus d’un an en raison de la réorganisation toujours en cours des marchés gaziers sur le vieux continent.