SITUATION DES MARCHES
Les marchés d’actions sont en chute depuis le 21 février. Pour le Standard and Poor’s 500, il s’agit de la plus rapide entrée en « bear market », c’est-à-dire une baisse de 20 % par rapport au pic en à peine 16 jours, contre plus de 100 pour la moyenne des 13 évènements similaires précédents depuis le début du siècle.
Contrairement à 2008, la crise actuelle n’est pas d’origine financière. Elle résulte d’une pandémie qui affecte, dans un premier temps, l’économie réelle. C’est la raison pour laquelle les Autorités monétaires ont d’abord cherché à soutenir les entreprises et le secteur bancaire par des baisses de taux, quand cela était possible, ou des mesures quantitatives. Plus récemment, le confinement de nombreux pays européens nécessite des interventions publiques visant à soutenir la demande. Des plans de relance massifs sont mis en place au niveau mondial, voire ce qu’on appelle « l’hélicoptère monnaie », autrement dit une distribution de revenus directement aux ménages.
Il est un fait que la propagation du virus à l’ensemble du monde nécessite des mesures, en proportion du choc. Toutefois, on constate que les marchés s’inquiètent de ces déficits, ce qui conduit à une hausse des taux des pays « core ». Par aversion au risque, devant la difficulté de soutenabilité des déficits publics de certains pays, un élargissement des spreads des pays périphériques suit l’écartement de ceux des obligations d’entreprise, ajoutant le risque financier à la faiblesse de l’économie réelle, liée à la propagation du virus.
Dès lors, il appartient aux Autorités politiques, notamment de la Zone euro et particulièrement de l’Allemagne, de rassurer les marchés sur leur détermination à, de nouveau, réitérer le « whatever it takes » sur le plan monétaire avec le « whatever it costs » budgétaire. La baisse des marchés s’est d’abord concentrée sur les segments les plus cycliques et financiers. A présent, elle concerne également les valeurs de croissance qui pâtissent de la hausse des taux et des mouvements de retrait des investisseurs des marchés d’actions auxquels s’ajoute les allégements de positions des fonds systématiques, notamment de ceux ayant des objectifs de volatilité à respecter, difficilement tenables dans le contexte actuel où la volatilité du S&P500 a retouché le pic historique de 2008 à 80 %.
Force est de constater que l’enchaînement de ces signaux négatifs pèsent considérablement sur le moral des investisseurs. Il n’en demeure pas moins que certains facteurs doivent être gardés à l’esprit.
Compte tenu des mesures prises, et sur la base de l’évolution du virus dans les autres pays qui ont mis en place des mesures fortes, parfois de façon plus précoce, on devrait approcher le point d’inflexion du nombre de cas affectés par le virus, en Italie. La baisse des marchés, qui ramène l’Eurostoxx 50 sur le niveau « post Lehman » ou encore ceux de 2002 ou mi-1997, traduit la prise en compte d’une baisse massive des résultats et d’un taux d’actualisation implicite, sur la base de ces résultats coupés, élevés par rapport à d’autres placements. Un niveau de capitulation impressionnant qui, historiquement, est un préalable nécessaire à un rebond des marchés.
POINT DE GESTION SUR R-CO CONVICTION CLUB ET R-CO CONVICTION EQUITY VALUE EURO
R-Co Conviction Club
R-Co Conviction Club a aujourd’hui un niveau d’exposition aux actions d'environ de 70%, stable par rapport au niveau de début d’année. Sa performance a été affectée par la forte exposition aux actions, notamment sur les composantes cycliques et financières qui ont souffert des inquiétudes sur le cycle et des révisions records effectuées sur les perspectives d’activité et de croissance des bénéfices. Dans cette période de forte turbulence, nous avons racheté des actions, notre scenario central restant celui d’une reprise économique après un choc d’activité significatif mais temporaire.
Nous avons donc :
- Racheté des futures sur indice DJ Eurostoxx 50 face au « sell-off » généralisé
- Renforcé de manière opportuniste certains titres qui ont affiché des reculs importants (Cf. plus bas)
- Maintenu les niveaux de sensibilité obligataire à environ -1 à l’échelle du portefeuille, les taux 10 ans allemands atteignant des niveaux extrêmes à -0.85% le 9 mars.
- Nous n’avons pas rajouté de risque crédit
Même si le timing reste difficile à déterminer, le portefeuille nous semble bien positionné pour profiter du rebond boursier quand le risque de pandémie montrera des signes de stabilisation.
R-co Conviction Equity Value Euro
R-Co Conviction Equity Value Euro a été pénalisé par son style value et son exposition aux valeurs cycliques et financières.
Nous avons opéré plusieurs ajustements dans le fonds pour profiter des opportunités qui se sont présentées sur certaines valeurs ayant un bilan solide, et qui ont été sévèrement sanctionnées sans distinction par les investisseurs, à l’image de Peugeot que nous avons renforcé.
Nous avons également cédé des valeurs cycliques qui avaient bien performé sur la période récente à l’image de ST Microélectronics par exemple. Nous avons réemployé le produit de ces ventes pour passer en surexposition sur le secteur de l’énergie via Total, particulièrement impacté par la baisse du baril, alors même que le bilan nous parait sain, le dividende préservé et que si l’offre de pétrole est sous pression, la demande devrait repartir une fois la crise sanitaire passée.
Les marchés européens traitent sur un P/E à 12 mois de 10,8x contre une moyenne long terme de 14,5x, ce qui correspond à une baisse implicite des anticipations de croissance des bénéfices de 26% sur l’année 2020. Cette tendance est encore plus marquée pour les valeurs les moins bien valorisées.
Dans le cas où nous nous approcherions du point bas, ce que les indicateurs techniques semblent indiquer, le segment « value » qui a été particulièrement attaqué pourrait profiter du rebond des marchés à l’image de ce que l’on avait vu en mars 2009.
Rédigé le 18 mars 2020