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Stratégie trimestrielle obligataire - Octobre 2025

Stratégie  —  24/10/2025

Emmanuel Petit

Associé-Gérant, Responsable de la Gestion Obligataire

Julien Boy

Gestionnaire Obligataire Spécialisation : Emprunts d'États & Inflation

Samuel Gruen

Gestionnaire Obligataire Spécialisation : Valeur Relative

En savoir plus R-co Valor Bond Opportunities R-co Target 2030 IG R-co Conviction Credit Euro R-co Target 2029 HY

Alors que l’économie américaine reste marquée par des incertitudes persistantes, tant sur le front de l’inflation que de l’activité, des signaux faibles sur certains segments du crédit invitent à la prudence. En Zone euro, des motifs d’espoir existent avec le déploiement des plans de relance et la capacité de la BCE à soutenir l'économie.

Une désynchronisation des banques centrales

Le paysage monétaire est aujourd’hui marqué par une désynchronisation des politiques des grandes banques centrales. Aux États-Unis, la Fed a repris en septembre son cycle de baisse des taux après neuf mois de statu quo et deux de plus sont attendues d’ici la fin de l’année. L’institution américaine reste partagée entre ses deux mandats : la stabilité des prix, alors que l’inflation reste au-dessus des 2 %, et le plein emploi, dans un contexte où le taux de chômage a augmenté de 3,4 % au second trimestre 2023 à 4,3 % au mois d’août1. La politique économique de l’administration Trump envoie également des signaux contradictoires.  Le soutien fiscal de la “One Big Beautiful Bill” devrait se faire sentir à partir de 2026, grâce notamment à l’amortissement immédiat des dépenses d’investissement pour les entreprises américaines, alors que l’impact inflationniste des mesures protectionnistes devrait laisser place à l’impact négatif sur la consommation des ménages. À cela s’ajoute également le shutdown budgétaire, qui perturbe le fonctionnement de l’administration fédérale américaine. Depuis le 1er octobre 2025, de nombreux services publics sont à l’arrêt ou fonctionnent au ralenti, et la publication de statistiques économiques majeures, notamment sur l’emploi, est suspendue. Cette situation complique l’évaluation de la santé réelle de l’économie américaine, tant pour la Fed que pour les marchés.

En Europe, la Banque centrale européenne a annoncé la fin de son cycle d’assouplissement monétaire. La question principale porte désormais sur la capacité de la Zone euro à réaccélérer l’an prochain, notamment grâce au plan fiscal allemand, et sur la durabilité de cette reprise. Si certains économistes prévoient un impact positif de 0,4 % sur la croissance en 2026 et jusqu’à 0,8 % en 2029, la BCE s’attend à une croissance de seulement 1 % l’année prochaine1. Avec une inflation stabilisée autour de sa cible des 2 %, la BCE peut se permettre d’attendre avant de réagir dans un sens ou dans l’autre. Du côté idiosyncratique, le risque français pourrait nuire à la bonne transmission de la politique monétaire en Zone euro. Le spread OAT-Bund a brièvement passé les 85 points de base début octobre traduisant l’incertitude politique que traverse le pays avant de revenir sous la barre des 80 points de base1. Mais la visibilité restera probablement faible jusqu’à l’élection présidentielle de 2027.

Au-delà des décisions des banques centrales, la pentification des parties longues des courbes de taux révèle des incertitudes croissantes. Ce phénomène observé cette année dans tous les pays développés est le reflet d’une inflation qui pourrait être durablement supérieure aux cibles des banques centrales, avec une croissance stimulée par la relance fiscale et/ou les plans d’investissement. Ces besoins de financement supplémentaires alimentent également la prime de terme demandée par les investisseurs dans un contexte de finances publiques déjà dégradées.

High Yield et dette privée : les signaux faibles s’accumulent

Des événements récents, comme la faillite de Braskem dans le secteur de la chimie au Brésil, de First Brands aux États-Unis, ou encore de Tricolor, alimentent les incertitudes et mettent en lumière les risques liés à l’opacité des financements hors bilan et à la dette privée. Le secteur bancaire régional américain montre également quelques signes de stress à l’image de Zion Bancorp qui a subi une perte de 50 millions de dollars3  à la suite d'une exposition frauduleuse sur le segment de l’immobilier commercial. Pour autant, le marché du crédit ne semble pas inquiet d'une potentielle contagion grâce aux fondamentaux solides et à la transparence inhérente à ce marché. L’Investment Grade4 continue de bénéficier d’un portage attractif qui aide à compenser la volatilité des taux. Sur le High Yield5, la demande demeure forte mais les investisseurs se montrent de plus en plus sélectifs, en évitant notamment les émissions notées B- et CCC, ainsi que certains secteurs cycliques, tels que la chimie.

Perspectives et Positionnement

Dans cet environnement complexe, la flexibilité de la gestion s’impose comme une nécessité pour ajuster le positionnement des portefeuilles si nécessaire. Le portage demeure le principal moteur de performance dans un contexte de taux élevés. Le crédit Investment Grade4 européen reste privilégié, notamment sur des maturités de trois à sept ans et dans les secteurs défensifs, qui permettent de s’affranchir en partie des incertitudes économiques. Les subordonnées financières, bien que plus volatiles, bénéficient de fondamentaux solides et de rendements attractifs. Sur le segment High Yield5, la sélection se concentre principalement sur les émetteurs notés BB, avec une attention particulière portée à la dispersion sectorielle. La surveillance accrue des valorisations et la mise en place de couvertures à coût raisonnable permettent de préserver le portage sans abaisser la qualité de crédit des portefeuilles. Concernant la France, la prudence reste de mise, compte tenu du manque de visibilité politique et d’une prime de risque que nous jugeons encore trop faible.

Vigilance et agilité, maîtres-mots d’un cycle incertain

La désynchronisation des politiques monétaires, la montée des risques budgétaires et politiques, ainsi que l’émergence de signaux faibles sur le marché du crédit, imposent une gestion active, sélective et flexible. La priorité demeure la préservation du portage et de la qualité de crédit des portefeuilles, tout en restant attentif aux évolutions rapides de l’environnement macroéconomique et financier. Dans ce contexte, la capacité à ajuster rapidement les expositions et à privilégier les segments les plus résilients sera déterminante pour générer de la performance.

(1) Source : Bloomberg, octobre 2025.
(2) Situation politique où le Congrès américain échoue à voter les fonds nécessaires au fonctionnement du gouvernement, entraînant l'arrêt partiel de ses activités
(3) Source : Reuters , 20/10/2025
(4) Titres de créance émis par des entreprises ou des gouvernements notés entre AAA et BBB- par Standard & Poor's
(5) Les obligations à haut rendement sont émises par des entreprises ou des gouvernements présentant un risque de crédit élevé. Elles sont notées en dessous de BBB- par Standard & Poor's.