
Anthony Bailly
Responsable de la Gestion Actions Européennes
Au mois de mai, les marchés actions ont une nouvelle fois été influencés par les annonces de Donald Trump. Les investisseurs ont particulièrement bien accueilli la nette accalmie dans les tensions tarifaires entre les États-Unis et la Chine, ce qui a contribué à dissiper les inquiétudes liées à une éventuelle récession. Ce climat plus serein a été renforcé par une saison de résultats d’entreprises globalement supérieure aux attentes des deux côtés de l’Atlantique, ainsi que par des données d’inflation qui, pour l’heure, ne semblent pas affectées par les tensions commerciales. Dans ce contexte favorable, l’indice MSCI World a enregistré une progression de +6,0 %1 sur le mois, porté notamment par la hausse de +6,4 % du S&P 5001, tandis que l’Eurostoxx s’est apprécié de +5,7 %1.
Ce contexte économique rassurant a largement bénéficié aux secteurs cycliques et financiers. En Zone euro, les banques (+11,1 %), les biens industriels (+10,8 %)1 ainsi que les loisirs et voyages (+10,8 %) ont enregistré des performances particulièrement solides1. Par ailleurs, le secteur technologique a connu un net rebond, avec une progression notable de +8,8 %1. De l'autre côté du spectre, le secteur de la santé (-1.7 %) était pénalisé par son caractère défensif et par de nouvelles déclarations d'intention du président américain à son encontre1. Le secteur des biens de consommation (+0.7 %) n'a quant à lui pas bénéficié du biais pro-cyclique du marché, pénalisé par des publications décevantes et le ralentissement de la consommation aux États-Unis et en Chine1.
En termes de style de gestion, la Croissance2 a surperformé le marché avec une hausse de +6.0 % alors que la Value3 gagnait +4.8 %1. Depuis le début de l'année, la surperformance du style Value sur le style Croissance reste cependant marquée (+14.4 points1). La prime de valorisation de la Croissance sur la Value s’est maintenue à 93 % d’avril à mai1, et reste cependant largement au-dessus de ses niveaux pré-Covid (environ 65 %). Nous anticipons une poursuite de la normalisation de cette prime, soutenue à court et moyen terme par la repentification progressive de la courbe des taux — favorable aux secteurs financiers — et, à plus long terme, par la relance de l’activité économique en Zone euro, portée par les plans d’investissement, en particulier dans les secteurs cycliques et industriels.
En ligne avec le style Value, le fonds R-co Conviction Equity Value Euro a progressé de 5.0 % sur le mois et sous-performait donc légèrement son indice de référence4. Si l'effet d'allocation était quasiment neutre sur le mois, l'effet sélection de titres expliquait la légère sous-performance sur le mois. La principale contribution négative provient de Sanofi, première position du portefeuille, dont le titre a reculé de -4,8 %1. Cette baisse s’explique par l’échec en phase III d’un traitement prometteur contre la bronchite chronique. Malgré cette déception, nous restons confiants dans le potentiel du groupe : son pipeline de recherche et développement, historiquement considéré comme un point faible, conserve des perspectives encourageantes.
Au cours du mois, nous avons renforcé notre position sur Alstom. Bien que les résultats annuels aient été conformes aux objectifs annoncés par le groupe, les incertitudes entourant la génération de trésorerie sur les prochains semestres ont suscité des inquiétudes sur les marchés, entraînant une baisse du titre de -6,2 % sur le mois1. Néanmoins, compte tenu des progrès réalisés au cours des deux dernières années, ainsi que le discours optimiste du management, nous avons renforcé notre position sur ce titre particulièrement bien positionné pour bénéficier des investissements dans la modernisation des infrastructures en Zone euro. Ce renforcement a été en partie financé par des prises de bénéfices sur Technip Energies, une autre de nos convictions fortes. Si nous restons confiants dans les fondamentaux du titre, nous estimons que sa performance boursière pourrait être affectée en cas de repli des prix du pétrole. La perspective d’un marché pétrolier excédentaire, alimenté par une hausse de la production au sein d’une OPEP de plus en plus fragmentée, nous a conduits à réduire notre exposition. Enfin, nous avons décidé de solder notre position sur Carrefour, dont l’activité reste confrontée à une concurrence intense. Les leviers internes d’amélioration semblent désormais limités, ce qui réduit le potentiel de revalorisation du titre à court terme.
Nous restons convaincus que la dynamique favorable à la Zone euro par rapport aux États-Unis pourrait se prolonger, d’autant que l’économie américaine devra faire face à des enjeux croissants de financement et de soutenabilité de sa dette publique. Dans ce contexte, les valorisations encore attractives en Europe, combinées à des soutiens macroéconomiques plus visibles, pourraient attirer davantage de flux internationaux, renforçant ainsi cette tendance. Notre portefeuille est positionné pour tirer parti de cette orientation, avec une exposition ciblée aux secteurs clés de la relance européenne.