
Yoann Ignatiew
Associé-Gérant, Gestionnaire Actions Internationales
Le premier trimestre 2025 a été marqué par une volatilité exacerbée sur les marchés financiers, alimentée par les incertitudes liées aux mesures tarifaires, entraînant une remise en question des perspectives de croissance américaine et globale.
Dans un tel contexte, une nette divergence des performances a été observée sur les principaux marchés mondiaux. Le S&P 500 a enregistré une baisse de -4,4 %, pénalisé par des « Magnificent 71» ayant corrigé de -14,8 %2. La rotation vers les valeurs cycliques, couplée à l’optimisme impulsé par les mesures fiscales prônées en Allemagne, ont porté l’Euro Stoxx 50, qui affiche une performance de 7,5 %2. Les signaux d’ouverture au secteur privé du gouvernement chinois, ainsi que les progrès en matière d’intelligence artificielle, ont propulsé le Hang Seng, en hausse de 16,1 % en 20252.
R-co Valor a clôturé le premier trimestre en hausse de 0,2 %3. L’exposition aux actions chinoises se distingue comme principal contributeur à la performance, accompagnée en moindre mesure par l’Europe et l’Amérique Latine.
Les réunions annuelles des principaux organes du gouvernement chinois ont pris fin au mois de mars, envoyant des signaux encourageants au marché sur trois volets : 1/ une politique fiscale accommodante, avec un déficit de 4 % du PIB, un niveau historiquement élevé ; 2/ des perspectives de croissance autour de 5 % pour l’année en cours ; 3/ la volonté de soutenir l’emploi urbain et maitriser le taux de chômage, nécessaire pour dynamiser la consommation interne. Ces signaux, couplés avec la publication de résultats de bonne facture, ont nourri le sentiment des investisseurs à l’égard du pays. Cette appétence a également été alimentée par les rencontres du président Xi Jinping avec les administrateurs des principales entreprises privées du pays, témoignant de la volonté du gouvernement de coopérer et accompagner leur développement. L’émergence de nouveaux modèles de langage en Chine, tels que Deepseek ou Tongyi Qianwen d’Alibaba ont secoué les marchés au premier trimestre. En effet, le pays a retrouvé sa place légitime dans la course au développement de l’intelligence artificielle et ses entreprises devraient bénéficier des gains de productivité qui en découleront. Les coûts prétendus associés au développement de ces modèles ont également entrainé une remise en question des besoins d’investissement aux États-Unis.
Le vent du changement impulsé par la nouvelle coalition allemande en mars a été salué par les marchés européens et récompensé notre positionnement dans la zone, rigoureusement renforcé depuis l’an dernier.
Du point de vue sectoriel, les titres financiers américains ont été les principaux détracteurs à la performance, accompagnés de certains noms étroitement liés aux prévisions de dépenses discrétionnaires, tels que LVMH et Walt Disney.
Au sein de R-co Valor, l’exposition aux actions s’établissait à 70 % fin mars4. Au mois de janvier et février nous avons procédé à des prises de bénéfices tactiques sur Alibaba, Meta Platforms et nos financières américaines, dont la valorisation était le reflet d’un scénario trop optimiste. Cependant, la tendance sur le trimestre a été acheteuse. Les mesures tarifaires proposées par la nouvelle administration américaine ont engendré des craintes sur les dynamiques d’inflation et la croissance aux États-Unis, exacerbées par les revirements de l’administration. Dans un tel contexte, le VIX5 a atteint son niveau le plus élevé depuis août 2024 et plusieurs opportunités de renforcement se sont présentées. Nous avons donc accru nos positions dans des titres excessivement pénalisés par les craintes liées aux tarifs douaniers, tels que Bombardier ou LVMH, ainsi que par les incertitudes sur la croissance américaine, comme Canadian Pacific ou la banque régionale Huntington Bancshares. Nous avons également renforcé des titres dont la valorisation ne reflétait pas la résilience des fondamentaux, tels que Coinbase, AES, CG Services ou Capgemini.
Sur le trimestre, nous avons complété la cession de notre participation dans Fresenius Medical Care et introduit en portefeuille deux nouvelles positions, Freeport-McMoRan, groupe cuprifère possédant les plus vastes exploitations aux États-Unis et probable bénéficiaire des mesures douanières et Thermo Fisher, leader mondial des produits et services pour les départements de R&D des sociétés pharmaceutiques exposé à la nouvelle vague d’investissement dans le secteur.
À la fin du trimestre, nous avons commencé à remonter le risque en portefeuille en déployant le premier programme d’achat généralisé sur le fonds depuis plus de dix-huit mois, à hauteur de 2,5 %4.
Dans l’environnement actuel, nous maintenons une approche très sélective à l’égard des opportunités d’investissement, les valorisations ne reflétant pas pleinement les effets de frais douaniers persistants dans le temps. Notre exposition monétaire historiquement élevée, autour de 30 %4 du fonds, nous permet de contenir une partie de la volatilité des marché et de saisir les opportunités que cette dernière nous offre.
R-co Valor Balanced affiche une exposition actions à 38 %, la poche obligataire représente 56 %, le reste étant investi en monétaire et assimilé4. Le fonds affichait une performance neutre sur le trimestre.
La poche actions de R-co Valor Balanced réplique celle de R-co Valor.
Les mouvements effectués ainsi que le positionnement sont identiques.
Au premier trimestre, nous avons assisté à une désynchronisation des actions des banques centrales occidentales. La Fed a maintenu une posture attentiste, gardant ses taux directeurs inchangés sur la fourchette 4,25 %-4,5 %. En effet, Jerome Powell a souligné la nécessité d'une plus grande clarté à l’égard des effets des mesures tarifaires sur l’inflation et sur la croissance, avant de procéder à des ajustements de la politique monétaire. En mars, la Réserve Fédérale a relevé ses attentes d’inflation (en hausse de 30 points de base à 2,8 %) et réduit ses estimations de croissance du PIB américain (en baisse de 40 points de base à 1,7 %) pour l’année en cours. Conformément aux attentes, la BCE a continué son cycle de baisse des taux, réduisant son taux directeur de facilité de dépôt de 50 points de base au premier trimestre, à 2,5 %. Cependant, la communication officielle de la Banque centrale européenne a évolué en mars, qualifiant désormais la politique monétaire de «significativement moins restrictive» et signalant une potentielle réduction de voilure. Dans ce contexte, les rendements des bons du Trésor américain à 2 et 10 ans ont baissé d’environ 40 points de base, à 3,9 % et 4,2 % respectivement6. Reflétant le changement de paradigme matière de politique fiscale prôné par la nouvelle coalition allemande, le rendement du 10 ans allemand a augmenté d’environ 40 points de base sur le trimestre, entrainant un mouvement de pentification de la courbe.
Le marché primaire a été particulièrement actif au cours du trimestre, les émetteurs saisissant les fenêtres de tir pour refinancer leurs échéances. Le resserrement des primes à l’émission, notamment sur le segment de l’Investment Grade7, ainsi que les taux de souscriptions élevés ont témoigné de l’appétit des investisseurs pour ces émissions. La performance trimestrielle des obligations d’entreprise en euros est restée positive, les indices Investment Grade et High Yield8 euros affichant des performance de 0,1 % et 1,1 % respectivement6.
Dans ce contexte, l’équipe de gestion a maintenu une posture prudente, considérant les niveaux de valorisation et des primes de risque crédit inconciliables avec un contexte économique marqué par l’incertitude. Au sein de la poche obligataire du fonds, nous avons augmenté la sensibilité, accompagnant le mouvement de pentification de la courbe avec l’achat de bons du Trésor allemand à 10 ans. Notre appétit pour le risque crédit est resté faible sur le trimestre, ce qui s’est traduit par l’achat de certains titres défensifs Investment Grade et le maintien de la couverture via des CDS9 sur l’indice Main iTraxx. Nous gardons une préférence pour les titres d’émetteurs financiers, portés par des résultats de bonne facture et une vague de consolidation dont nous avons récemment bénéficié lors de l’acquisition de la banque allemande OLB par le Crédit Mutuel. Pour rappel, cela nous prémunit d’un éventuel risque systémique et nous protège d’un éventuel écartement des spreads de crédit européens d’ampleur similaire à celui observé aux États-Unis en mars.
La sensibilité de la poche obligataire a donc été remontée à 4.4 à fin mars ; le rendement est de 3,5 %. (Durée d’investissement recommandée 3-5 ans)10.